LES JEUX DE CONSTRUCTION MECANIQUES
par Clive Lamming
Il y a le Meccano, et tout le monde le sait. Ce roi des jeux de construction mécaniques, imité et même totalement plagié par d’autres, né au début du siècle à Liverpool, est toujours produit, ,mais en France aujourd’hui. Mais, outre le Meccano, il y en a eu d’autres, bien moins connus, tout aussi passionnants à collectionner.
ASSEMBLO
Ce jeu est d’origine britannique et, malgré ses apparences laides et rustiques, il est une création de Frank Hornby qui le lance, sur le marché anglais, sous le nom de DINKY BUILDER . Le jeu apparaît en 1934. Il se compose de pièces métalliques carrées, rectangulaires ou triangulaires que l’on solidarise par des tiges enfilées dans les bordures « crénelées » et recourbées de ces pièces. Initialement le jeu comprend deux coffrets, N°1 et N°2, composés de pièces roses et vertes, le N°1 seul comprenant des roues, le N°2 étant destiné à l’assemblage de meubles miniatures. En 1937 les coffrets N°0 et N°3 apparaissent, le N°3 étant le plus important. Tous les coffrets comportent désormais des roues, et des pièces évidées pour représenter des fenêtres. En 1948 seuls les coffrets N°1 et 2 survivent à la guerre sur le marché britannique jusqu’au retrait du DINKY BUILDER en 1965 ou 1966.
En France la carrière du DINKY BUILDER est curieuse: ce jeu apparaît sous le nom d’ASSEMBLO, mais nullement sur les catalogues MECCANO/HORNBY/DINKY TOYS. Il est commercialisé, sans doute à partir de 1936 (voir catalogue 1936 des Galeries Lafayette ou 1938 des Trois Quartiers par exemple) par une société indépendante ASSEMBLO, domiciliée au 25, Rue Garnier, à Neuilly-sur-Seine, société qui fait des publicités pleine page durant les années 1949 à 1951 dans diverses revues grand public ou professionnelles du jouet, et qui commercialise aussi des jeux de moulage MEDAILLO ou d’ardoises aimantées AIMANTO. La gamme ASSEMBLO semble très complète avec 5 coffrets principaux plus 6 coffrets complémentaires, et 2 coffrets de roues. Une nouveauté apparaît en 1949: le coffret luxe en bois.
AUTOCYCLE
Un jeu composé de pièces d’aluminium permettant de faire des motocyclettes, triporteurs, automobiles, avions, etc... et présent sur le catalogue Mestre & Blatgé de 1932-33. Nous ne savons rien de cette marque. Mais on en trouve, parfois, quelques pièces éparses dans les brocantes et puces, parfois au fond d’une vieille valise en carton (modèle Linda Da Suza...) contenant quelques restes de jouets.
CONSTRUCTOR
Ce jouet est produit durant les années de l’immédiat après-guerre par une société installée à Paray-Le-Monial en Saône-et-Loire. Il est une imitation du Meccano dont il reprend le principe des robustes pièces en acier émaillé et de l’assemblage par vis et écrous par les trous des pièces. Les coffrets comportent des pièces en bande, des plaques rectangulaires, des roues, des engrenages et même un beau moteur électrique (qui semble être un petit moteur industriel en fonte moulée). Une caractéristique du Constructor est l’épaisseur des pièces, et l’absence de tout évidemment autre que les trous circulaires. Le choix en pièces n’atteint nullement l’abondance de Meccano et montre bien la modestie des ambitions commerciales du fabricant.
ERECTOR
C’est une création du fabricant américain Gilbert qui remonte à 1911. Très proche du Meccano, il comporte toutefois certaines pièces différentes comme de fines poutrelles entretoisées qui rappellent les mâts des signaux Hornby d’avant-guerre. Notons qu’en 1928 la firme Meccano revend son usine américaine du New-Jersey à la firme Gilbert qui poursuit la fabrication et la vente de produits spéciaux sous le nom Meccano uniquement aux USA, dont des trains Hornby, et des coffrets Meccano comportant certaines pièces d’origine plus d’autres dues à Gilbert. Ces coffrets Meccano américains ne doivent pas être confondus avec l’Erector d’origine.
LIONEL
La célèbre marque de trains américaine lance, à la fin des années 40, un programme dit Construction Kits avec des pièces en métal tubulaires de section carrée, et assemblées par enfilage les unes dans les autres, et solidarisées par des goupilles, à la manière des échafaudages réels utilisés actuellement dans le bâtiment. Des roues et des flasques de raccordement complètent le système.
MARKLIN METALL
C’est le grand concurrent « continental » du Meccano britannique, dont, d’ailleurs, il est la reproduction exacte puisque les firmes Märklin et Meccano ont des accords en 1911: sur les catalogues Märklin on voit les produits de la Meccano GmbH allemande. Le catalogue français de 1911-1912, comme nous le montrons, comporte manifestement des boîtes Meccano vendues comme telles, tout comme de mystérieuses boîtes « The Hornby System » contenant des jeux scientifiques. La première guerre mondiale met fin aux accords par la force des choses, et, durant les années 20, on voit apparaître, sur les catalogues Märklin, un jeu de construction Märklin qui est la reproduction du Meccano anglais, mais dont certaines pièces (flasques de roues, par exemple) comportent des différences notables. Il s’agit du Märklin Metallbaukasten qui prendra ultérieurement, après guerre, le nom de Marklin Metall. On notera aussi l’existence de petits coffrets de départ Marbi, vendus aussi sur le marché français.
MECANIC
Les lecteurs de La Vie du Collectionneur connaissent déjà ce jouet produit par JEP. Le jouet sort pour Noël 1922. C'est une copie presque intégrale du Meccano. On peut confondre les deux jouets, jusque dans la présentation. Frank Hornby intente un procès contre le Mécanic, et le gagne rapidement. Le Mécanic est retiré discrètement des catalogues Jouet de Paris dès 1924. Seuls restent au catalogue les moteurs Mécanic, présentés alors comme "pouvant actionner tous jouets construits mécaniquement".... Effectivement les 5 trous de chaque coté du socle des moteurs, à l'aspect très Meccano, permettront aux enfants peu regardants sur les marques de fabrique de l'intégrer dans leurs coffrets Meccano. Les coffrets Mecanic sont rares et témoignent de cette peu reluisante aventure de JEP.
MECCANO
Tout a été dit sur le célèbre jeu anglais, et d’excellents ouvrages ont été publiés sur la question. Rappelons sommairement les grandes dates du Meccano. Le 9 Janvier 1901 Frank Hornby dépose son brevet « Mechanics made easy » (la mécanique rendue facile) et, en 1907 seulement, il trouve le génial nom Meccano avec deux « c », monsieur le typographe, s’il vous plaît... Le jeu est d’abord nickelé avec ses engrenages en laiton massif taillé. Le jeu se développe et compte jusqu’à 9 coffrets au milieu des années 20, plus des mini-coffrets 0 et 00. Le coffret N°7, le plus grand de l’âge du nickel, coûte une fortune en 1925 avec £ 370.... En 1926 le jeu est présenté avec des pièces émaillées en rouge ou vert: c’est le deuxième âge Meccano. Et la fin des années 20 voit la présence des « super models » dans les notices, avec la nécessité de nombreuses pièces spéciales qui viennent grossir les catalogues. La période bleue et or commence en 1934. Les coffrets sont de plus en plus impressionnants avec l’apparition du fameux N°10. Après guerre c’est l’apparition de nouveaux coffrets en rouge et vert, et, durant les années 60, de pièces en plastique. Le seconde période rouge et vert cesse en 1964 et les bandes sont en métal poli au lieu d’être en vert, les plaques deviennent jaunes, et les certaines cornières noires. Les thèmes spécialisés (espace, travaux publics, etc.…) se développent durant les années 70 et 80. On sait que la firme anglaise, en faillite, devient Meccano-Triang en 1970, abandonne la production du Meccano, et seule la filiale française, aujourd’hui toujours, produit le célèbre jeu dans l’usine de Calais.
NB. Citer toutes les imitations du Meccano mériterait un livre entier, si l’on songe au Meccano soviétique 3Tounost », à des productions espagnoles, etc....
PHILIFORM
A citer pour son apparition durant les années 70, alors que Philips, qui connaît de grandes difficultés de reconversion, se lance dans le jouet. Il s’agit toutefois d’un jeu proche du Lego par le principe d’encastrement et le recours à des pièces en plastique, mais ce jeu est bien orienté vers la mécanique et s’insère dans un ensemble de jouets scientifiques à construire: interphone, talkie-walkie, orgue électronique, etc...
STANDARD LR
Lancé par le très ingénieux et entreprenant Louis Roussy dont les trains LR sont bien connus des collectionneurs, le Standard LR est, sans nul doute, la réplique la plus intelligente et la plus originale au fameux Meccano anglais. Le Standard LR apparait en 1936 et il est bien le reflet du talent de Louis Roussy. Ce jeu se compose de pièces comportant des bossages imitant peut-être des rivets, mais surtout dont le rôle est de s’encastrer dans les creux correspondants au verso d’une autre pièce. Ainsi ces bossages servent au positionnement des pièces les unes contre les autres, et il suffit de glisser une pince de maintien enserrant les deux pièces et les coinçant. Des écrous, des tiges filetées, des roues, etc... complètent le système. Présenté comme « métrique » (les modules des pièces sont de 5 cm), donc comme « scientifique » et « français », il oppose toutes ces qualités au perfide Meccano qui est en pouces et britannique, donc forcément non scientifique.... Sacré Roussy ! Malgré ces affirmations patriotiques, le Standard LR n’a jamais eu le succès du Meccano. Il faut dire que les pièces et les modèles n’avaient pas le chic « very british » du grand concurrent.
TRIX
Ce jeu est une création de la fameuse firme allemande de jouets créee par Bing, Oppenheimer et Erlanger en 1927 par reprise de l’ancienne firme Fornter et Haffner. Le nom Trix est déposé en 1935 avec la présentation, à la foire de Leipzig, du jeu de construction et d’un programme de trains en OO. Elle existe toujours, notamment avec les fameux trains Minitrix en échelle « N ».
Le jeu apparaît, sur le marché français, peu sa création, puisque l’on le trouve sur les catalogues « Etrennes » des grands magasins dès 1936. Mais il se veut, contrairement au Meccano qui est le centre d’un système, un élément mécanique de complément pour toute une gamme de jouets scientifiques axés sur l’électricité : moteurs, transformateurs, coffrets de construction électromécaniques, etc.... On trouve, par exemple, un coffret de construction de pendules électriques comportant quelques nécessaires pièces Trix complétant des pièces électriques ou d’horlogerie.
Comme pour les trains Trix, le marché britannique est fortement pénétré, d’où, sans doute, la production de pièces Meccano compatibles avec Trix (voir le catalogue français Meccano de 1934-35 par exemple).
VULCAIN
Un mystérieux jeu, présent sur le catalogue 1934 des Trois Quartiers, et se composant de plaques de métal s’assemblant par encastrage. Les plaques sont peintes en rouge et jaune.